Construit en 1863, ce bâtiment abritant aujourd’hui la loge maçonnique a été déplacé en 2008 du village de Kars, au sud-ouest d’Ottawa. De nombreux objets maçonniques originaux du XIXe siècle, recueillis dans l’est de la province, sont exposés dans cette loge. Le bâtiment offre aux visiteurs la possibilité de découvrir l’histoire et le rôle des maçons et d’autres sociétés fraternelles au Haut-Canada au XIXe siècle.
La « loge des maçons libres et acceptés », fondée en Grande-Bretagne en 1717 (Ancient Free and Accepted Masons), était la plus importante des sociétés fraternelles du Canada d’avant la Confédération. Celles-ci répondaient à plusieurs besoins sociaux importants de l’époque. La franc-maçonnerie était une confrérie dont les enseignements et le comportement reflétaient les valeurs des autres institutions de la société : l’église, l’école, le foyer et les tribunaux. Même si les francs-maçons n’étaient pas des maçons « actifs », c’est-à-dire gagnant leur vie dans le métier de la maçonnerie, leur « ouvrage » consistait à construire un être humain moral, tout comme les maçons édifient la structure elle-même.
La franc-maçonnerie a été décrite comme « un système de moralité, voilé d’allégories et illustré par des symboles ». Leurs rituels et leurs enseignements utilisent la métaphore des outils et des instruments d’un maçon en pierres, auxquels sont attribuées des significations symboliques, en s’inspirant de l’histoire architecturale grecque et romaine, de l’histoire hébraïque de l’Ancien Testament et des traditions des guildes médiévales.
Tous les francs-maçons ont l’obligation morale d’aider, en cas de besoin, leurs frères, les familles de leurs frères et la société en général. Au XIXe siècle, les francs-maçons faisaient preuve de générosité en fournissant de l’argent, de la nourriture et de l’aide à la veuve, à l’orphelin, au pauvre et au malheureux de la communauté, assurant ainsi la stabilité du tissu social qui commençait à se former. Il n’existait pas encore de filet de sécurité sociale.
La franc-maçonnerie a également permis à des hommes de se rencontrer – des hommes qui partageaient une même vision morale et religieuse du monde, de même que des hommes qui croyaient que le Créateur voulait qu’ils mènent une vie bonne et morale et qu’ils servent leurs semblables. Comme le disait le très vénérable frère Otto Klotz en 1864 : « Une loge de franc-maçon est un temple de paix, d’harmonie et d’amour fraternel. L’objet de la réunion d’un franc-maçon dans une loge est d’une double nature : l’instruction morale et les rapports sociaux. »
Au XIXe siècle, de nombreux chefs d’église, avocats, juges, médecins, autres professionnels et dirigeants sociaux étaient des francs-maçons. Les premiers ministres canadiens John A. Macdonald, John Abbott, Mackenzie Bowell, Robert Borden, R.B. Bennett et John Diefenbaker étaient tous des francs-maçons, tout comme le premier ministre britannique Winston Churchill. Le fils de la reine Victoria, Albert (futur Édouard VII), et les rois qui lui ont succédé, Édouard VIII et George VI, étaient également des francs-maçons.